Les fondateurs de Samourai Wallet risquent des peines de prison pouvant aller jusqu'à cinq ans

Les procureurs américains réclament des peines de prison de cinq ans pour les fondateurs de Samourai Wallet, Keonne Rodriguez et William Lonergan Hill, les accusant d’avoir dirigé l’un des services de mixing crypto les plus anciens liés à des activités criminelles. Le Department of Justice (DOJ) affirme que le service a aidé à blanchir plus de 237 millions de dollars de fonds illicites sur près d’une décennie — une affaire qui met en lumière l’intensification de la répression du gouvernement américain contre les outils de confidentialité en cryptomonnaie.

Allégations de blanchiment d’argent à long terme

Selon le dossier de l’accusation, Rodriguez et Hill ont exploité Samourai Wallet de 2015 à avril 2024, proposant des services de mixing qui dissimulaient l’origine des transactions crypto. Les procureurs allèguent que leur plateforme est devenue un refuge pour les trafiquants de drogue, les opérateurs de marchés darknet, et même ceux impliqués dans la cybercriminalité et la distribution de contenus illicites.

Le mémorandum précise que les fondateurs de Samourai « possédaient et exploitaient un service massif de blanchiment d’argent », et que Hill, dans une lettre de plaidoirie, a reconnu ouvertement avoir invité « des hackers et autres criminels » à utiliser Samourai pour blanchir les profits d’activités illégales.

Accusations, plaidoyers de culpabilité et recommandations de peine

En juin 2025, un grand jury fédéral a inculpé les deux fondateurs pour conspiration en vue de blanchir de l’argent et exploitation d’une entreprise de transmission de fonds non agréée. Fin juillet, ils ont plaidé coupable à cette dernière accusation dans le cadre d’accords de plaidoyer distincts.

Bien que les directives fédérales suggèrent une peine de 168 à 210 mois d’emprisonnement pour leur niveau d’infraction, les procureurs ont requis 60 mois — le maximum légal selon la Section 371. Le Bureau de probation a toutefois recommandé une peine plus légère de 42 mois chacun. Rodriguez a demandé un peu plus d’un an, tandis que Hill a sollicité une peine équivalente au temps déjà purgé. Les deux hommes ont été arrêtés le 24 avril 2024 et attendent leur condamnation cette semaine — Rodriguez le 6 novembre et Hill le 7 novembre.

La guerre élargie contre les mixers crypto

Cette affaire n’est pas isolée. Les autorités américaines ont accru leur surveillance des outils de confidentialité et de mixing crypto, qu’elles accusent de faciliter le blanchiment d’argent et l’évasion des sanctions. La demande de condamnation des fondateurs de Samourai intervient peu après une affaire similaire contre le cofondateur de Tornado Cash, Roman Storm, reconnu coupable en août 2025 d’avoir exploité un transmetteur de fonds non agréé.

L’affaire Storm a suscité l’indignation au sein de la communauté crypto, des groupes comme la Ethereum Foundation et le Solana Policy Institute ayant contribué à son fonds de défense juridique. Malgré un acquittement partiel, Storm risque toujours jusqu’à cinq ans de prison si les motions post-procès échouent.

Un moment décisif pour la confidentialité crypto

L’affaire des fondateurs de Samourai représente un point d’inflexion critique dans le débat entre confidentialité financière et régulation. Tandis que les défenseurs de la vie privée soutiennent que des outils comme Samourai et Tornado Cash protègent l’anonymat des utilisateurs et la liberté numérique, les régulateurs les considèrent comme des intermédiaires financiers non enregistrés permettant la criminalité à grande échelle.

L’issue de ces affaires pourrait définir la manière dont les gouvernements traiteront à l’avenir les technologies crypto axées sur la confidentialité — redéfinissant potentiellement les frontières de l’innovation et de la légalité dans la finance décentralisée.