Ledger envisage une levée de fonds mais pas en France

La fleuron de la fintech française Legder, spécialisé en hardware wallets pour les cryptomonnaies, envisage une importante levée de fonds l’année prochaine. Cependant l’entreprise ne se tourne pas vers son pays natal mais bien aux Etats-Unis. En effet, le CEO de Ledger a indiqué qu’il concentrera ses efforts à New York. Ce virage stratégique reflète le contexte réglementaire complexe entre l’Union Européenne et les actifs numériques.

Ledger privilégie les Etats-Unis pour sa levée de fonds

Cette décision intervient alors que Ledger réalise sa meilleure année depuis sa création en 2014. En effet, en 2025 l’entreprise dénombre pas moins de 100 milliards de dollars de Bitcoin sur ses wallets regroupant une clientèle mondiale. Cette somme record témoigne de la position dominante de l’entreprise sur le marché des portefeuilles matériels. Malgré ce succès et son héritage français, Pascal Gauthier, le CEO actuel de l’entreprise a clairement expliqué les raisons pour lesquels l’entreprise se tourne vers l’ouest :

Aujourd’hui, l’argent est à New York pour les cryptomonnaies, nulle part ailleurs dans le monde, et certainement pas en Europe.

Ce tournant est bien dramatique pour l’écosystème européen qui accumule du retard en la matière une fois de plus. En effet, bien que Ledger conserve son siège social parisien, sa décision de voir si l’herbe est plus verte ailleurs révèle un futur troublant pour l’innovation et l’investissement en Europe dans le secteur.

La stratégie d’une levée de fonds de Ledger repose sur trois arguments fondamentaux. Le premier élément est la crise sécuritaire qui frappe le secteur. Selon Chainalysis, 23% des vols ciblent les portefeuilles des particuliers. Le second concerne l’environnement réglementaire européen qui reste encore flou avec en prime un système fiscal défavorable en France. Le dernier argument phare concerne l’abondance de capitaux à New York permettant à Ledger un accès privilégié aux meilleurs investisseurs américains.

Les vols de cryptomonnaies, un moteur pour Ledger

L’effervescence des vols de cryptomonnaies dans le secteur profite à la croissance fulgurante de l’entreprise française cette année. Toujours selon Chainalysis, les hackers ont dérobé la somme de 2,2 milliards de dollars au premier semestre en 2025 dépassant très largement le total de vols sur l’année 2024.

Malheureusement, la crise de la sécurité liée aux piratages ne se limite pas aux plateformes d’échanges. L’évolution des modes opératoires des vols de crypto a ainsi sensibilisé l’ensemble des investisseurs qu’ils soient particuliers ou institutionnels.

Les logiciels malveillants, les tentatives d’hameçonnage et les attaques d’ingénierie sociale sophistiquées sont de plus en plus fréquentes, incitant les utilisateurs de cryptomonnaies à les stocker hors ligne comme les hardwares que propose Ledger. Pascal Gauthier résumé :

Nous sommes de plus en plus souvent victimes de piratage… piratage de vos comptes bancaires, de vos cryptomonnaies, et la situation ne va pas s’améliorer l’année prochaine ni l’année suivante

L’Europe, un environnement hostile pour l’innovation

Tandis que les Etats-Unis redeviennent une terre d’accueil grâce au gouvernement pro crypto du président Trump, la France, quant à elle, rétrograde en faisant fuir. En effet le pays a récemment adopté une loi concernant les cryptomonnaies qui sont désormais qualifié comme “patrimoine improductif”. Concrètement, les investisseurs dépassant le seuil des 1,3 millions d’euros devront s’acquitter d’une taxe de 1% par an sur leurs cryptomonnaies.

Cette décision a suscité de toute évidence de vives critiques de la part d’acteurs majeurs du secteur. Eric Larchevêque, cofondateur de Ledger, s’est fermement opposé à cette législation en déclarant :

Cette taxe pénalise tous les épargnants qui souhaitent ancrer leurs avoirs financiers dans l’or et le Bitcoin afin de protéger leur avenir.

L’entrepreneur à succès précise également que les personnes dépassant ce seuil seront désormais contraints de liquider leurs positions pour s’acquitter de cette nouvelle taxe, décourageant une gestion financière qui se veut prudente selon lui.

Ainsi, au-delà de la fiscalité française, le contrôle réglementaire européen des entreprises liées à la crypto, est un frein pour l’heure actuelle. Cette situation contraste avec l’approche beaucoup plus souple de la réglementation américaine, qui amadoue de plus en plus les entreprises du secteur.

Pour aller plus loin sur le sujet :

• Fin de la saignée ? Les ETF Bitcoin se redressent avec 240 millions $ d’entrées en un jour
• Budget France 2026 : les cryptos dans le viseur de la nouvelle taxe sur la “richesse improductive”
• Vers une « SEC européenne » ? L’UE veut muscler les pouvoirs de l’ESMA sur la crypto